Bien que les gens vivent plus longtemps et soient plus actifs, l’âgisme sévit toujours au sein de la société. Je vais même aller plus loin : je pense que la discrimination par l’âgisme est de plus en plus prononcée dans notre société et que la situation se dégrade. Je vais vous expliquer les effets de l’âgisme et
La plupart du temps, l’âgisme est à peine perceptible. L’âgisme se cache dans des blagues à l’apparence anodine. Et posez-vous la question suivante : pourquoi ne voit-on pas de personnes âgées à la télévision ? Cela vient de la croyance en des clichés négatifs sur les personnes âgées, même si ceux-ci ont été réfutés. Si on y regarde bien, l’âgisme est d’ailleurs l’une des dernières formes de discrimination socialement acceptée et les pouvoirs publics n’agissent que très mollement contre ce fléau.
La discrimination par l’âgisme : ses formes et ses effets
L’âgisme n’est pas toujours visible dans notre société. Pour être tout à fait franc, la plupart du temps, les gens ne se rendent même pas compte qu’ils pratiquent l’âgisme. Mais que cette discrimination soit visible ou non, l’âgisme se glisse dans presque tous les domaines de notre société, à divers degrés.
L’âgisme en entreprise
La plupart des entreprises vous diront qu’il n’y a pas d’âgisme sur leur lieu de travail. Cependant, en 2017, le site YouGov qui est spécialisé dans la collecte de données, a constaté qu’un grand nombre de personnes de plus de 50 ans interrogées pensaient avoir souffert au travail en raison de leur âge.
Ce type de discrimination peut se manifester de différentes manières : les personnes de plus de 50 ans sont ignorés lorsque des opportunités se présentent, ils ne bénéficient plus des même opportunités de promotions, voire même on leur propose des plans de pré-retraite.
Quand on se rapproche de la soixante on fait aussi l’objet de commentaires connotés et taquins sur nos plans pour la retraite proche. Pour résumer la situation, malgré leur expérience et leurs qualifications, les personnes âgées sont souvent négligées dans le cadre du travail.
L’âgisme dans les médias
Généralement, la représentation des personnes âgées dans les médias ne fait que renforcer les stéréotypes négatifs, comme le fait d’être faibles, impuissants ou grincheux. Et encore, c’est le cas quand on voit une personne âgée à la télévision : la plupart du temps, vous n’en verrez pas. Et si vous y portez un tant soit peu attention, vous verrez que cette invisibilité touche plus particulièrement les femmes âgées.
C’est un fait qui saute aux yeux : les présentatrices sont régulièrement remplacées par des femmes plus jeunes. Ce phénomène ne touche pas seulement la télévision. Arrêtez-vous un instant sur les campagnes marketing des marques les plus connues : la plupart des articles sont destinés aux jeunes générations et représentent de jeunes et jolies personnes.
Cette situation vient à l’encontre de nombreuses études qui suggèrent que les consommateurs plus âgés dépensent plus que leurs homologues plus jeunes (qui ont, en moyenne, moins de moyens). Les femmes plus âgées, mais pas trop quand même, sont mises en avant quand il s’agit de vendre des produits de beauté anti-âge ou de teinture pour couvrir les cheveux gris. Ce qui compte dans les médias et les campagnes marketing, après tout, c’est la jeunesse et la beauté parce que cela semble davantage retenir l’attention.
L’âgisme dans les interactions sociales
L’âgisme accentue une division déjà présente entre les jeunes et les vieux, à la fois dans la société mais aussi au sein de nos familles. Il arrive que les personnes âgées soient traitées comme si elles ne comprenaient pas ce qui se passe ou comme si elles n’étaient pas en mesure de suivre les événements. Ce comportement a lieu à l’intérieur même de certaines familles, entre personnes qui se côtoient régulièrement !
Parfois, les personnes âgées sont encouragées à emménager (inutilement) dans des maisons de retraite alors qu’aucun signe n’indique que c’est nécessaire. Ou alors on propose de faire faire des choses pour eux, alors qu’ils s’en toujours occupés par eux-mêmes et qu’il en sont toujours parfaitement capables. Ces comportements ont un effet direct sur leur sentiment d’indépendance.
S’adresser aux personnes âgées comme s’ils étaient des enfants (c’est-à-dire très lentement et très fort) est également courant, jusque dans le corps médical, ce qui est blessant et insultant. Ce comportement n’est nécessaire que dans le cas où la personne concernée (quel que soit son âge) a une ouïe défaillante. L’âgisme s’infiltre ainsi au cœur des familles et des professions pourtant sensibilisées.
Les effets de l’âgisme sur le bien-être
La façon dont nous percevons le vieillissement peut en fait affecter à la fois notre corps et notre cerveau à mesure que nous vieillissons. Avoir une vision positive du vieillissement peut vous aider à vous protéger contre la démence et le déclin cognitif, car cela tend à réduire notre niveau de stress (note : l’article lié est en anglais).
Une perception positive de l’âge peut également nous aider à vivre plus longtemps et à guérir plus rapidement. A l’inverse, les opinions négatives nous rendent plus sensibles aux problèmes de santé liés à l’âge. Être constamment entouré de stéréotypes et de clichés négatifs sur la vieillesse finit forcément par nous influencer. Dans ces conditions, il est très difficile de ne pas considérer ces opinions comme des faits et de ne pas se laisser affecter physiquement et mentalement par eux.
Lutter contre l’âgisme dans la société
Éradiquer l’âgisme dans la société est possible, mais cela nous prendra du temps. Il existe cependant des moyens de commencer à travailler là-dessus.
Reconnaître l’âgisme autour de nous
L’âgisme est souvent une forme de discrimination “occasionnelle”, en ce sens qu’il n’est souvent pas délibérément destiné à offenser les personnes âgée. Par conséquent, la plupart des gens ne le remarquent même pas.
L’âgisme est pourtant bel et bien présent. La première étape pour combattre l’âgisme, c’est de le reconnaître et d’accepter sa présence. Ce n’est pas facile, car cela oblige la société dans son ensemble à examiner ses propres préjugés inconscients. Se faire dire que vous pourriez être à l’origine d’une discrimination n’est pas une chose facile à accepter.
Remettez en question vos préjugés concernant l’âgisme
Une fois que nous sommes capables de reconnaître l’âgisme et de remettre en question nos propres préjugés, il devient plus facile de s’en rendre compte autour de nous et de le faire prendre conscience aux autres.
Cela implique de réfléchir à la façon dont nous définissons la “vieillesse” et de nous renseigner sur les faits. Si nous pouvons accepter que les opinions que nous avons ne sont que des stéréotypes, alors nous pouvons commencer à cesser d’idolâtrer la jeunesse au détriment de l’expérience. Examinez votre propre utilisation du langage et essayez de supprimer les phrases négatives ou les blagues qui mettent l’accent sur l’âge.
L’âgisme au travail
Il est certain que remettre en question les clichés dont vous êtes témoin sur votre lieu de travail va à rebrousse-poil de la tendance générale, mais cela en vaut la peine. La prochaine fois que quelqu’un fait un commentaire taquin faisant référence à l’âge d’un collègue, demandez-lui ce qu’il veut dire. Forcer une personne à expliquer un commentaire ou une remarque désobligeante sur l’âge sous couvert de blague oblige souvent les gens à réexaminer leurs préjugés !
Si vous le pouvez et, dans la mesure de vos moyens, essayez également de vous assurer que le personnel plus âgé n’est pas ignoré quand il question d’opportunités. Si un senior peut apporter son expérience sur un projet, mais qu’il a été préalablement exclu en raison de son âge, parlez-en et expliquez pourquoi la décision devrait être reconsidérée.
Remettre en question l’âgisme dans les médias
C’est une lutte beaucoup plus délicate, à moins que vous ne travailliez directement dans le domaine des médias et que vous pouvez activement encourager la diversité d’âge, de couleur et de sexe dans votre marketing.
Pour la plupart d’entre nous, nous devons utiliser notre voix et notre portefeuille. Certains recommandent d’aller voir des films au cinéma avec des acteurs plus âgés ou encore de régulièrement lire des livres écrits par un auteur âgé. En ce qui me concerne, je vous recommande d’aller voir ce qui vous plaît. Je vous conseille simplement d’appliquer un peu de jugement critique au film que vous allez voir pour éviter de promouvoir un énième film où l’âgisme est flagrant. J’ai rencontré un tel cas récemment.
Le film Eiffel est un cas flagrant d’âgisme au cinéma. Sorti en octobre 2021, le Eiffel raconte une histoire d’amour entre Gustave Eiffel et une jeune femme qui est sa cadette de 9 ans. Ca, c’est pour l’histoire que raconte le film. Parce que, dans la réalité, la différence d’âge entre les deux acteurs principaux du film est de 22 ans (Romain Duris a 47 ans et Emma Mackey a 25 ans). Si ça ce n’est pas de l’âgisme !
J’ai malheureusement été un des spectateurs qui a payé sa place pour aller voir ce film au cinéma. Pour ma défense : je ne connaissais pas l’histoire du film avant d’aller voir le film. Je ferai davantage attention à cet aspect des choses avant de décider d’aller voir un film au cinéma.
Si vous pensez que la représentation d’une personne âgée dans une émission ou un article de journal est inappropriée ou problématique, écrivez à l’entreprise et faites-le leur savoir, et parlez-en avec d’autres personnes. Plus ce sujet est exposé fera réagir, et plus les médias seront obligés d’en tenir compte à l’avenir.
Encourager les activités intergénérationnelles
C’est quelque chose qui peut être fait sur votre lieu de travail ou dans les associations où vous êtes engagé. S’il vous semble qu’il n’y a que des membres “jeunes”, réfléchissez à la raison et voyez ce que vous pouvez faire pour aider à changer cela.
Faites en sorte de parler à des personnes de tous les âges lors des différents événements auxquels vous participez. Ne négligez pas non plus une activité trop rapidement parce qu’elle semble qu’elle soit plus destinée à un public “plus âgé”.
En tant que personne âgée : battez en brèche l’âgisme
Il ne faut pas simplement regarder la situation de l’âgisme dans la société. Car l’âgisme peut aussi être intériorisé, ce qui n’est pas sain. En tant que personne âgée, présenter une image positive peut aider à dissiper une partie de la négativité à l’origine de l’âgisme. Cela peut également nous aider à nous sentir mieux face à la vieillesse.
Restez actif et indépendant
De nombreuses études scientifiques ont montré que plus nous restons actifs – à la fois physiquement et mentalement – meilleure sera notre santé physique et mentale. C’est une boucle de rétroaction positive qui peut montrer aux gens que vieillir n’est pas nécessairement synonyme de déclin de la santé.
Il est également bon de rester indépendant lorsque cela est possible. Car, si vous êtes enclin à penser que vous ne pouvez pas faire quelque chose, alors vous ne pourrez pas le faire. C’est quelque chose que l’on appelle l’impuissance acquise et qui est courante chez les personnes âgées. Assurez-vous donc de continuer à faire les choses que vous pouvez, comme faire du shopping, aller voir un film ou organiser vous-même vos finances.
Soyez impliqué dans la société
Rester engagé avec les gens autour de vous n’est pas seulement bon pour votre propre santé : cela montre à votre entourage que les personnes âgées ne sont pas détachées du monde moderne.
N’ayez pas peur de rejoindre des clubs ou des cours, même s’ils semblent être principalement remplis de jeunes. Ils n’auront aucun problème à ce que vous soyez là, alors pourquoi devriez-vous vous en inquiéter ?
Le bénévolat est un autre excellent moyen d’interagir avec des personnes de tous âges. Rester au courant de l’actualité ou regarder cette nouvelle émission dont tout le monde parle peut vous aider si vous êtes inquiet au sujet d’un type de conversation. Et n’ayez pas peur des réseaux sociaux : c’est un excellent moyen de s’impliquer dans les événements qui traversent la société.
Parlez de l’âgisme
Utiliser votre voix est l’une des choses les plus importantes que vous puissiez faire. Poussez les gens à se remettre en question lorsque vous les entendez faire des commentaires sur l’âgisme et assurez-vous de noter ce qui a été dit, quand et par qui si cela se produit sur le lieu de travail.
Ne laissez pas les gens parler pour vous parce qu’ils pensent qu’ils en savent plus. La façon dont vous communiquez est également importante : soyez positif dans votre attitude, cela ne peut que vous rendre plus heureux. Essayez d’éviter d’utiliser un langage “négatif” qui vous vieillit instantanément. Evitez, par exemple, de qualifier la musique moderne de “bruit” ou d’utiliser des phrases telles que “de mon temps” ou “à mon époque”.
Je ne vous conseille pas d’aller jusqu’à utiliser des emojis (quoique je les apprécie beaucoup, parce qu’ils aident à rapidement faire passer une émotion 😉). Mais cherchez à utiliser un langage positif, car cela influencera votre propre point de vue, mais aussi celui des personnes qui vous entourent. Et nous préférons tous répandre des ondes positives.
Pour votre information, il existe un observatoire de l’âgisme qui est composé d’un collectif d’associations, de chercheurs et de personnalités.
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