Je vais vous expliquer pourquoi il est important, dans certains cas, de fixer des limites à ses parents. Je vais ensuite vous montrer comment le faire en pratique, en 8 étapes.
Il est important de savoir fixer des limites à ses parents lorsque ceux-ci sont difficiles à vivre et que l’on s’occupe d’eux. Peut-être qu’ils exigent plus de travail de votre part que vous ne pouvez en fournir ? Peut-être partagez-vous une relation difficile ? Quelle qu’en soit la raison, mettre des limites vous facilitera la vie et vous assurera de ne pas en vouloir à vos parents (en essayant de ne pas vous en vouloir).
Il faut toujours privilégier la santé et le bien-être de nos proches. Cela doit se faire dans un respect mutuel, sans agressivité et, au contraire, de la bonne volonté. Quand ce n’est pas possible, il faut se fixer des limites, définir des règles. C’est pour vous aider à mettre des limites, surtout quand vous êtes un aidant, que j’ai écrit cert article.
Au cours de cet article, je vais d’abord prendre le point de vue où vous êtes un aidant qui s’occupe de ses parents. Par la suite, mes huit conseils pour mettre des limites à ses parents s’appliquent à tout enfant adulte qui souhaite entretenir une relation saine avec ses parents, quel que soit le type de relation qu’ils entretiennent.
Pourquoi fixer des limites à ses parents ?
Fixer des limites avec vos parents est important pour diverses raisons : cela vous empêche de créer du ressentiment envers eux et favorise des interactions saines et agréables, tout en vous aidant à établir davantage l’individuation, c’est-à-dire avoir une identité en dehors de votre relation avec vos parents. Sans limites appropriées, les parents peuvent croire et sentir qu’il est acceptable pour eux d’imposer leurs croyances et leurs modes de vie à leurs enfants adultes.
Bien que ces conversations puissent être difficiles à avoir, elles sont nécessaires pour développer une relation saine avec eux et avec vous-même. Le résultat final de l’établissement de limites saines avec vos parents peut entraîner une diminution de l’anxiété et du ressentiment, ainsi qu’une meilleure capacité à gérer les conflits. Il en résulte également une saine estime de soi.
Quand on fixe des limites à ses parents, la culpabilité n’est jamais loin
La culpabilité n’est pas quelque chose que vous devez absolument éviter. Même si vous avez l’impression que la culpabilité vous ronge de l’intérieur, il est important de vous rappeler que la culpabilité ne vous tuera pas. Par contre, le surmenage sur une longue période de temps le pourrait (en tout cas, cela affectera négativement votre santé).
La culpabilité vous atteint lorsque vous refusez des demandes, mais c’est une chose avec laquelle vous devez vivre.
Vous vous sentez également coupable de ne pas nourrir un chien à chaque fois qu’il mendie de la nourriture, mais céder aux yeux attendrissant d’un chiot n’aura pour effet que de rendre l’animal obèse, ce qui raccourcira sa durée de vie. Vous vous sentez aussi coupable si vous ne laissez pas votre enfant veiller tard, même s’il a école le lendemain, mais céder ne ferait que nuire à son éducation.
Vous ne pouvez pas passer votre vie à éviter la culpabilité, car cela signifierait que vous donnez constamment aux gens qui vous entourent ce qu’ils veulent. Le problème, c’est que ça ne leur rendrait pas service. C’est pour cette raison qu’il faut fixer des règles, fixer des limites.
Comprendre ses propres limites, avant d’en mettre à ses parents
Ce n’est pas parce que vos parents vous demandent de faire quelque chose que vous devez le faire. Ce n’est pas parce que vous avez le temps et la volonté que vous en avez la capacité.
Les aidants familiaux assument souvent le rôle de bricoleurs, de cuisiniers, de nettoyeurs, d’infirmières, de jardiniers et à peu près tout le reste. Vous pouvez dire “non” à ces rôles, et parce que vous dites “non” ça ne signifie pas que vous êtes obligé de trouver quelqu’un d’autre pour reprendre ces rôles. Si vous dites “non”, ça ne signifie pas non plus que vous êtes une mauvaise personne.
Plus vous en faites et plus vous courez le risque d’être davantage sollicité. Faites le point sur ce que vous êtes capable de faire et faites-en sorte de ne pas prendre le risque d’être surmené. Ensuite, discutez avec vos parents. Expliquez-leur la situation. Si la situation s’envenime, le temps est venu de mettre des limites.
Indiquez clairement qu’ils peuvent compter sur vous pour un certain nombre de choses, mais que vous n’êtes pas là pour répondre à l’ensemble de leurs besoins et désirs.
Rappelez-vous que vous n’êtes pas une machine
De nombreux aidants se consacrent entièrement à leur travail et à la personne dont ils s’occupent. Ils ne pensent plus aux passe-temps, aux activités récréatives et à la détente, car ils font toujours passer les besoins de la personne soignée avant les leurs.
Comment peuvent-ils penser à lire un livre alors que ce temps serait mieux utilisé, comme par exemple, en faisant un jeu avec leur proche ? Pourquoi envisagent-ils de faire du shopping avec des amis alors qu’ils pourraient emmener leur proche se promener dans le parc ?
Les aidants ont tendance à devenir des bourreaux de travail qui consacrent chaque minute à travailler ou à se préparer à travailler, ayant l’impression de perdre leur temps quand ils font autre chose. N’oubliez pas que cette attitude est un aller simple vers le stress du soignant. Si elle devient hors de contrôle, cette situation peut mener à tout : de l’insomnie à la dépression jusqu’à un effondrement mental complet, au burn-out.
Vous êtes un être humain avec des sentiments et des besoins, vous n’êtes pas une machine dont le seul but est de servir les autres. Gardez toujours cela à l’esprit, et si vous ne voyez pas de bénéfice personnel à prendre un peu de temps pour soi, pensez plutôt à la façon dont cela pourrait in fine profiter à votre proche.
Si à la fin d’une journée où vous vous êtes surmené, vous êtes très fatigué, déprimé et prêt à tout laisser tomber, vous ne serez d’aucune utilité pour votre proche.
D’autres personnes ont également besoin de limites
Ce ne sont pas seulement les bénéficiaires de soins qui ont besoin de limites.
De par leur nature, les aidants ont tendance à être des personnes aimantes, généreuses et sympathiques. Ils prennent l’habitude de dire oui tout le temps. Par conséquent, ils acceptent plus de choses qu’ils ne peuvent en gérer…
Plus vous êtes âgé et plus votre famille est grande, plus ces exigences deviennent importantes, avec des amis, des conjoints, des enfants et même des voisins qui réclament votre temps.
Arrêtez de tout accepter et soyez réaliste quant à ce que vous pouvez et ne pouvez pas faire. Arrêtez de sacrifier vos besoins simplement parce que vous voulez rendre tout le monde heureux.
Bien sûr, certaines personnes oublient les bonnes choses que vous faites et ne se souviennent que des mauvaises. Ils oublieront les centaines de fois où vous avez agi en tant que femme de ménage, chauffeur, conseiller… et se souviendront de la seule fois où vous avez refusé de les aider à déménager. Vous n’avez pas besoin de gens comme ça dans votre vie.
Si vous craignez qu’une amitié ou une relation ne s’effondre simplement parce que vous dites non quelques fois, peut-être que cette relation ne mérite tout simplement pas que vous investissiez de votre temps.
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Comment fixer des limites à ses parents en 8 étapes
Voici les 8 étapes clés pour mettre des limites à ses parents. Que vous soyez un aidant ou que vous sortiez tout juste de l’adolescence, cette liste peut vous aider à entretenir une relation saine avec vos parents.
1. Comprenez ce que vos parents ont en tête
Lorsqu’il s’agit de gérer les conflits ou les tensions, quel que soit le type de relation, une conversation ouverte est presque toujours le meilleur endroit par où commencer. Parler avec vos parents peut vous aider à mieux comprendre pourquoi ils essaient de gérer votre vie.
S’ils se sentent exclus ou seuls, le fait d’appeler à toute heure ou de se présenter sans invitation peut refléter leur désir de passer plus de temps avec vous. En d’autres termes, ils ont peur de passer à côté de votre vie.
Ils peuvent également être aux prises avec des problèmes qui leur sont propres, tels que des problèmes au travail ou des problèmes de santé. S’impliquer davantage dans votre vie pourrait être un moyen de faire face à des défis qu’ils ne peuvent pas contrôler.
Quel que soit le scénario dans lequel vous vous trouvez, une image plus claire de ce qui se passe peut vous aider à mieux gérer la situation dans laquelle vous vous trouvez. De plus, le simple fait d’écouter peut rassurer vos parents, parce que vous vous souciez de leurs sentiments.
2. Définissez vos limites avec gratitude et appréciation
Fixer des limites avec vos parents n’est pas du tout irrespectueux.
Au contraire, il est sain d’énoncer (poliment) vos limites et d’attendre de vos parents qu’ils respectent ces besoins. Cela dit, vous aurez probablement plus de succès – sans parler de moins de sentiments blessés à gérer – lorsque vous choisissez vos mots avec soin.
Cela ne fait généralement pas de mal de leur faire savoir à quel point vous les appréciez avant d’aborder ce qui doit changer.
3. Affrontez directement les problèmes
Vos parents vous considèrent probablement encore comme leur enfant, quel que soit votre âge réel.
Vous trouverez peut-être assez difficile de les amener à reconnaître votre indépendance lorsque vous maintenez votre propre ménage. Mais que se passe-t-il si vous êtes temporairement retourné chez vos parents pour traverser la pandémie, ou pour toute autre raison ? Eh bien, vous vous rendrez peut-être compte qu’ils semblent penser que vous avez également régressé de plusieurs années.
Se dire « c’est juste temporaire » et se résoudre à éviter les conflits en se mordant la langue est une façon de gérer la situation. Cela peut effectivement aider à maintenir une paix relative – si les tensions auxquelles vous faites face n’apparaissent qu’en raison de l’étroitesse du logement que vous partagez.
Cependant, vous feriez mieux de répondre aux préoccupations au fur et à mesure qu’elles apparaissent au lieu de les éviter et de les laisser mijoter (comme dans une cocotte-minute).
4. Soyez clair et précis lorsque vous vous exprimez
Comme l’évitement, le flou ne vous rend généralement pas service. Des limites peu claires ou déroutantes laissent beaucoup de place à une mauvaise interprétation.
Vous savez peut-être exactement ce que vous voulez dire lorsque vous dites des choses comme :
“S’il vous plaît, ne m’achetez pas de la camelote dont je n’ai pas besoin.”
“S’il vous plaît, ne donnez que des aliments sains aux enfants.”
Vos parents pourraient ne pas vous comprendre. Il est donc plus utile de donner des exemples spécifiques de comportements qui doivent cesser, ainsi que des alternatives acceptables, en fonction de la situation.
Par exemple:
“Nous ne donnons pas de soda ou de jus de fruits aux enfants, mais ils adorent préparer des biscuits avec vous. Évitez simplement de leur donner des boissons trop sucrées.”
5. Trouver un compromis
Après avoir formulé vos limites, vous pouvez toujours trouver un compromis avec vos parents, une solution intermédiaire entre vos limites et leurs besoins (ou exigences).
Peut-être que vous ne voulez pas parler de votre vie amoureuse, mais vous pouvez accepter de parler des gens que vous rencontrez. Discutez des détails que vous êtes prêts à partager (tout en ignorant fermement ceux que vous n’êtes pas) peut les aider à se sentir plus inclus sans compromettre la limite que souhaitez mettre en place.
Si vous ne savez pas sur quoi “lâcher du terrain”, demandez-leur ce qu’ils attendent de vous :
“Je me demande s’il y a une raison pour laquelle vous me rendez continuellement visite ? Si vous voulez qu’on passe plus de temps ensemble, nous devons planifier cela à l’avance. Qu’en pensez-vous ?”
Collaborer pour trouver une solution peut vous satisfaire tous les deux, car cela vous permet de maintenir des limites, sans pour autant exclure vos parents.
6. N’oubliez pas que les limites sont saines pour toutes les personnes impliquées
Il est normal de se sentir un peu coupable lorsqu’on établit des limites avec les parents. Si vous savez qu’ils vous aiment et croient qu’ils ont de bonnes intentions, vous voulez éviter de blesser leurs sentiments.
Malheureusement, ils peuvent tout de même se sentir blessés, même lorsque vous établissez des limites avec de la compassion et des mots gentils. Si vous vous sentez ensuite coupable de les avoir offensés, vous pourriez finir par céder du terrain lorsqu’ils repoussent ces limites.
Des limites fragiles ou inexistantes peuvent aider vos parents à se sentir mieux, mais ils ne feront pas grand-chose pour améliorer votre situation. Au lieu de vous sentir aimé et soutenu, vous pourriez vous sentir :
- en colère et plein de ressentiment
- inquiet que vos souhaits (et vos limites) ne soient pas respectées ;
- peur des disputes.
Croire que vos parents ne respectent pas votre capacité à faire vos propres choix peut également nuire à votre estime de soi et à votre respect de soi.
Ainsi, lorsque ces sentiments de culpabilité bouillonnent, rappelez-vous qu’en restant ferme et en répétant poliment votre limite, vous soutenez votre propre bien-être.
7. Savoir quand il faut prendre ses distances avec ses parents
Vos parents peuvent ne pas toujours écouter ce que vous avez à dire ou respecter les limites que vous vous fixez.
Peut-être qu’ils :
- persistent dans les taquineries blessantes ;
- tentent de vous culpabiliser pour assouplir vos limites ;
- continuent à faire des remarques blessantes sur la profession de votre partenaire ;
- évoquent des sujets que vous avez soulignés comme étant interdits devant vos enfants.
Une bonne prochaine étape pourrait consister à créer une certaine distance dans la relation.
Vous pourriez dire quelque chose comme :
“J’ai défini des limites claires sur les comportements qui me blessent (ou blessent mon partenaire, ou mes enfants). Si vous n’êtes pas prêt à respecter ces limites, je ne suis pas prêt à vous inviter chez moi ou à passer du temps avec vous.”
Une fois que vous avez décrit les conséquences de tels comportements, vous devez les respecter. Cela montrera à vos parents que vous avez l’intention de faire respecter vos limites, aujourd’hui et à l’avenir.
S’ils veulent reconstruire votre relation, ils devront respecter ces limites.
8. Faire intervenir un professionnel
Vous avez du mal à communiquer vos besoins à vos parents ? Vous n’êtes toujours pas sûr du type de limites dont vous avez besoin ?
Fixer des limites avec les parents peut être intimidant, c’est le moins qu’on puisse dire.
Un professionnel de la santé mentale peut vous aider à vous préparer à ces conversations difficiles en explorant ce dont vous avez besoin dans cette relation et en identifiant les choses spécifiques qui doivent changer.
Les thérapeutes peuvent également offrir plus de conseils sur ce à quoi ressemblent des limites saines et vous aider à reconnaître et à gérer les comportements relationnels difficiles, voire toxiques.
Si vous ne vous sentez pas à l’aise de parler directement avec vos parents, vous pouvez entamer la discussion avec vos parents avec l’aide d’un thérapeute sur l’importance des limites dans votre relation.
Mes dernières réflexions sur la fixation de limites
La fixation de limites avec vos parents vous aide à honorer vos besoins physiques et émotionnels et à protéger votre espace personnel. Bref, ils sont essentiels dans toute relation.
Gardez à l’esprit, cependant, que des limites strictes font plus que vous protéger. Ils ont également une autre fonction importante : vous aider à cultiver une relation adulte saine avec vos parents. Après tout, ce seront toujours vos parents, mais vous n’êtes plus un enfant.
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