En janvier 2018, les personnes âgées d’au moins 65 ans représentaient 19,6% de la population française. Les projections de l’INSEE* estiment qu’en 2040 environ un habitant sur quatre aura 65 ans ou plus (cela représente 25% de la population). En 2070, elle devrait représenter ⅔ de la population. Le vieillissement de la population s’observe partout dans le monde : en Belgique, en Suisse, au Canada, en Allemagne…
Alors que de plus en plus de personnes entrent dans l’âge d’or, nous avons le devoir de nous préparer et d’anticiper les difficultés à venir (pour nous même et pour les membres de notre famille). Nous ne pouvons pas attendre que les pouvoirs publics prennent tout en charge. Une personne avertie en vaut deux.
Les maisons de retraites ne sont peut-être pas, non plus, la solution idéale. Les récents scandales ne nous donnent pas envie d’y placer nos parents ni même d’y aller à notre tour. Il faut donc encourager, autant que possible, le maintien à domicile des personnes âgées.
Pourtant, le maintien à domicile d’une personne âgée a aussi ses limites.
4 limites du maintien à domicile des personnes âgées
Lorsque les gens vieillissent, leurs besoins changent – et les besoins de chacun sont différents. Certaines personnes âgées ont besoin de soins 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, mais de nombreux seniors vivent de façon autonome jusqu’à un âge très avancé.
Les personnes indépendantes peuvent n’avoir besoin que d’une visite occasionnelle de la part de leurs voisins ou de leur famille. Cependant, il existe des limites au maintien à domicile des personnes âgées. Il faut en être conscient lorsqu’on cherche à repousser le moment où il n’est plus possible de continuer à vivre dans son appartement ou sa maison.
1. L’isolement et la solitude sont néfastes pour la santé
La solitude peut ne pas sembler être une préoccupation importante lorsque l’on considère les nécessités de base comme la nourriture ou que l’on considère l’environnement sous l’angle de la sécurité. C’est pourtant une limite au maintien à domicile d’une personne âgée… C’est même une limite que nous avons tous tendance à sous-estimer.
La solitude et l’isolement social prolongé sont extrêmement mauvais pour notre corps et notre santé mentale. Il ne faut pas hésiter à comparer la solitude à l’obésité ou au tabagisme chronique. Les impacts négatifs sur la santé sont du même ordre de grandeur.
Bien sûr, les besoins de base comme l’alimentation et le sommeil sont des piliers incontournables que l’on ne peut pas ignorer, mais la présence humaine, ne serait-ce que sous la forme d’une rencontre quotidienne de quelques minutes en face à face, peut s’avérer suffisante pour satisfaire les besoins sociaux et physiologiques des personnes âgées et peut faire toute la différence.
Rappelez-vous les confinements successifs et plus ou moins stricts de 2020 et 2021. Comme la plupart des gens, j’ai passé de longs mois avec des contacts sociaux très limités. La majeure partie de mes échanges a eu lieu avec des écrans interposés.
C’est une bonne chose de rester le plus longtemps possible dans son logement. Mais si on n’est plus capable de sortir de chez soi et que personne ne nous rend visite au quotidien, l’isolement finira par avoir des conséquences très néfastes sur notre cognition et notre santé. C’est, d’après moi, la limite la plus importante au maintien à domicile des seniors.
2. Ne plus être capable de cuisiner
Il peut arriver qu’une personne âgée confinée à la maison n’arrive plus à se cuisiner ou ne se rende plus compte qu’un aliment est périmé. Combien de fois est-ce arrivé qu’une personne âgée ne se rende plus compte qu’un morceau de fromage ou un morceau de tarte commence à moisir dans le réfrigérateur ?
Si votre parent n’est plus capable de se cuisiner, mais qu’il (ou elle) souhaite rester dans son logement, la meilleure solution est le portage de repas. C’est un moyen pour s’assurer que la personne âge mange un repas sain et cela offre aussi l’occasion d’une interaction quotidienne.
Il ne faut, cependant, pas trop attendre de cette dépose d’aliment et de cette courte visite. Les personnes qui font ce travail doivent servir un certain nombre de repas en un temps limité : ils n’ont pas le temps de vraiment discuter avec les personnes qu’elles voient. Mais si les repas ne sont pas mangés ou si la santé de la personne se dégrade brutalement, le porteur de repas ne peut pas ne pas s’en rendre compte.
Pour de nombreuses personnes âgées, il s’agit de leur seule interaction sociale de la journée. Une courte discussion peut tout de même s’avérer extrêmement efficace pour combattre l’isolement ou la solitude tout en veillant à ce que votre aîné reçoive des repas sains.
3. La sécurité doit toujours être une priorité
Avec la diminution progressive des capacités physiques et cognitives, le logement d’une personne peut se transformer en piège. Un tapis peut se transformer en obstacle. C’est pour cela qu’il faut examiner le logement pour éliminer les risques de chute pour les personnes âgées.
Il suffit d’une mauvaise chute ou de complications pour perdre en autonomie et se voir obligé de quitter son logement.
La santé et la sécurité deviennent souvent une préoccupation pour les personnes qui vivent seules, et encore plus pour les populations plus âgées. C’est normal. Souvent, ce sont même les familles qui s’inquiètent davantage que les seniors directement concernés.
Le risque d’accident augmente avec le grand âge. Si en plus la personne concernée habite seule chez elle, il faut envisager un système de téléassistance. Un tel système permet d’alerter quelqu’un en cas d’évanouissement, de malaise ou même de chute.
Ces systèmes simples alertent les premiers intervenants de l’emplacement de l’appel. Grâce à un tel système, les personnes âgées peuvent se sentir en sécurité et continuer de vivre en toute indépendance dans leur maison.
En France, les chutes de personnes âgées entraînent plus de 100 000 hospitalisations et 10 000 décès chaque année. Grâce à la téléassistance, les personnes qui tombent reçoivent immédiatement le traitement médical dont elles ont besoin.
4. Penser aux aidants familiaux (et ne pas seulement compter sur eux)
Les aidants des personnes âgées sont souvent des membres de la famille ou des amis non rémunérés. On les appelle les aidants familiaux. Si le maintien à domicile d’une personne âgée dépend des aidants familiaux qui l’entourent, il faut reconnaître que la situation est fragile.
Les aidants familiaux sont des personnes généreuses qui connaissent souvent une détérioration de leur santé du fait de leur implication dans ce nouveau rôle très prenant. Les aidants éprouvent aussi souvent des difficultés financières en raison de leur engagement auprès de parents âgés.
Pour ces raisons, les aidants familiaux doivent avoir accès aux ressources dont ils ont besoin. Sans soutien, les aidants sont susceptibles de vivre dans le stress et de connaître la dépression ou l’anxiété. Si un aidant familial fait face à des difficultés sérieuses dans sa vie, par répercussion, cela met à risque le maintien à domicile.
Cependant, avec les ressources et le soutien appropriés, l’épanouissement et la satisfaction peuvent également augmenter. Les aidants sont souvent la fondation (ou la colonne vertébrale) des soins de longue durée. Il faut donc penser à eux en même temps que l’on pense aux personnes âgées dont elles prennent soin.
Les aidants familiaux sont tellement nombreux et ils ont appris à faire face à tellement de problèmes au fil des ans qu’ils se sont organisés en associations (notamment l’association française des aidants : https://www.aidants.fr).
Les limites du maintien à domicile des personnes âgées : ce qu’il faut retenir
Il existe des aides financières pour aider au maintien à domicile d’une personne âgée. Mais il ne s’agit pas seulement d’une question d’argent.
Lorsqu’une personne âgée souhaite rester dans son domicile plutôt que d’être placée, il faut s’assurer que son logement est suffisamment sécurisé (compte tenu de la situation physique de la personne âgée), il faut s’assurer que notre parent âgé ne se retrouve pas isolé dans son logement et qu’il ne sombre pas dans la solitude.
Il faut aussi s’assurer que la personne continue de prendre soin d’elle-même et continue de se cuisiner. Enfin, si le maintien à domicile repose sur un seul aidant familial (une petite poignée d’aidants), il faut s’assurer que leur santé et leurs finances n’en pâtissent pas : sinon, cela aura des conséquences sur la vie du senior.
Voilà les limites du maintien à domicile des personnes âgées auxquelles on ne pense pas toujours.
* https://www.insee.fr/fr/statistiques/3303333?sommaire=3353488
