Le stress et le burn-out des aidants est un état d’épuisement physique, émotionnel et mental qui peut avoir pour résultat un changement d’attitude significatif : de positif et attentionné il peut devenir négatif et même insouciant.
C’est quelque chose qui peut se produire lorsqu’une personne ne se sent pas soutenue dans l’aide qu’elle apporte ou quand elle est dépassée par les responsabilités qu’elle assume.
Lorsqu’une personne connaît un très haut niveau de stress, le seul fait de prendre un peu de temps pour soi peut engendrer un sentiment de culpabilité. Une personne qui a atteint ce point va continuer à se surmener jusqu’à ce qu’elle atteigne un point de rupture et ne sente plus capable d’assumer le rôle d’aidant.
Prendre soin d’un proche est gratifiant, mais cela peut aussi être incroyablement difficile. Cela peut être à la fois physiquement et mentalement difficile, et cela peut impliquer de devoir quotidiennement faire face au déclin de la santé d’un être cher.
Les symptômes de l’épuisement des aidants sont similaires aux symptômes de stress et de dépression. Ils peuvent inclure :
- la réduction des interaction avec les amis et la famille ;
- avoir le sentiment d’être surchargé ou débordé ;
- connaître une perte d’intérêt pour les activités qu’on aime habituellement ;
- se sentir déprimé, irritable, désespéré ;
- connaître des changements d’appétit ;
- avoir des habitudes de sommeil perturbées ;
- se réveiller avec un sentiment de terreur ;
- tomber malade plus souvent ;
- connaître un épuisement émotionnel et physique ;
- avoir une empathie moins forte pour la personne dont vous vous occupez.
Le stress et le burn-out des aidants : les causes principales
Prendre soin d’un proche est un travail vraiment difficile. Vous vous occupez d’une personne que vous aimez, mais dans des circonstances difficiles. Être quotidiennement confronté au déclin d’un proche peut sérieusement vous affecter.
Il se peut que vous fassiez votre deuil de la personne qu’était votre parent ou de la vie que vous avez connu avant de devenir un aidant. Peut-être que votre vie professionnelle ou que la vie sociale que vous aviez avant vous manque.
Parmi les causes de stress et de burn-out des aidants on retrouve :
- le simple épuisement : prendre soin d’un proche nécessite de nombreuses heures de travail physiquement et émotionnellement exigeantes ;
- se sentir pris au piège : si vous ne vous sentez pas en mesure d’obtenir un soutien externe pour aider votre proche qui a besoin de soins, vous pouvez vous sentir obligé de tout faire vous-même. Cela peut vous amener à ne voir aucune issue pour sortir de cette situation ;
- prodiguer des soins de longue durée : vous ne savez pas combien de temps cela va durer ;
- ne pas recevoir suffisamment de soutien : que ce soit de la part de la famille ou d’autres personnes, si vous avez l’impression de porter seul toutes les responsabilités, cela peut générer du stress et du burn-out et fragiliser un aidant ;
- ne pas réussir à améliorer la vie de votre parent autant que vous l’espériez : vous pouvez vous attendre à ce que votre présence le rende toujours heureux et à ce que votre aide arrange tout (ou presque)… mais la réalité est que la vie de tous les jours peut s’avérer vraiment difficile ;
- les problèmes d’argent : de nombreuses personnes quittent leur travail ou réduisent leur temps de travail pour s’occuper de leurs parents âgés. Cela peut entraîner des difficultés financières pour les personnes concernées, même si elles peuvent percevoir une compensation pour le temps passé dans le rôle d’aidant ;
- se mettre trop de pression pour être l’aidant parfait : c’est un travail difficile et personne n’est parfait. Ne vous imposez pas des exigences irréalistes. Bien sûr, vous voulez donner le meilleur de vous-même, mais vous devez avoir des attentes réalistes quant à ce que vous êtes capable de faire pour votre parent ;
- essayer de gérer le changement de rôle d’enfant à aidant : le stress lié à la prise en charge de parents âgés est assez courant. Ils sont votre propre famille et bien sûr vous ne voulez que le meilleur pour eux. Cela peut vous mettre beaucoup de pression pour ne pas décevoir ces personnes qui vous sont proches et que vous aimez. Cela peut également être une contrainte pour vous et vos parents âgés, qui doivent commencer par avoir des attentes légèrement différentes les uns envers les autres ;
- l’isolement social : si vous passez la majeure partie de votre temps à prendre soin de votre parent, il peut être difficile de trouver un équilibre dans votre vie ou de donner la priorité aux amitiés et aux relations sociales.
Quelques conseils pour savoir si vous êtes stressé
Parfois, il est évident que nous nous sentons stressés ou épuisés, mais parfois, les signes ne sont pas si évidents. Gardez un œil sur votre humeur :
- Vous sentez-vous déprimé ou irritable ?
- Quelle est la qualité de votre sommeil ?
- Dormez-vous plus que d’habitude ? Ou moins ?
De même, observez vos habitudes alimentaires. Avez-vous constaté que vous mangez beaucoup plus ou beaucoup moins, que vous prenez ou que vous perdez du poids ?
Peut-être que vous n’arrivez pas à vous relaxer, vous n’arrivez pas à vous détendre ou vous êtes simplement épuisé.
Comment vous sentez-vous physiquement ? Êtes-vous perclus de courbatures ? Attrapez-vous tous les rhumes et virus qui circulent ? Peut-être vous sentez-vous bouleversé, plein de ressentiment ou amer face à votre situation et avez-vous l’impression qu’il n’y a rien dans votre vie en dehors de vos responsabilités d’aidant.
Le stress des aidants peut également se manifester dans la façon dont vous interagissez avec la personne dont vous vous occupez. Peut-être remarquez-vous que vous êtes impatient, frustré ou irritable avec votre parent, alors même que vous avez l’intention d’être aussi agréable et patient que possible.
Vous constatez peut-être même que vous négligez (dans une certaine mesure) vos responsabilités familiales. Cela peut être dû au fait que vous vous sentez dépassé par ces responsabilités ou par un sentiment de perte de votre propre identité depuis que vous êtes devenu aidant, surtout si votre carrière antérieure était importante à vos yeux et que vous avez dû y renoncer.
A ce sujet, j’ai rédigé un article sur le bien-être mental et émotionnel des aidants qui peut vous intéresser.
Conseils pour gérer le stress des aidants
Si vous avez identifié que vous êtes sur la voie d’un burn-out ou d’un gros stress, vous avez besoin de stratégies claires pour faire face à ce que vous ressentez. Vous devez absolument prendre les devants et éviter que la situation ne s’aggrave. Il vaut mieux prévenir que guérir. Cela vous aidera à améliorer votre situation et évitera de vous sentir encore plus mal à l’avenir.
Voici quelques conseils pour faire face au burn-out et au stress quand on est un aidant :
1 – Parlez à des amis
Les amis sont souvent notre première ligne de défense lorsque quelque chose ne va pas, et cette situation ne devrait pas faire exception. Les amis peuvent apporter un soutien, des conseils et même de la bonne humeur lorsque les choses semblent pourries, et cela peut être inestimable lorsque vous êtes surmené et débordé.
Il est particulièrement utile de parler à des amis qui sont dans une situation similaire. Vous vous sentez peut-être complètement seul avec vos soucis, mais d’autres personnes qui ont également des responsabilités familiales connaissent les problèmes de la vie que vous traversez. Ces personnes peuvent être de très bon conseil.
2 – Rappelez-vous pourquoi vous avez décidé d’être un aidant
Si vous vous sentez au bout du rouleau, vous vous demandez peut-être pourquoi vous avez choisi cette vie. Mais cette question, souvent posée par frustration, peut en fait être un bon point de départ.
Se rappeler pourquoi vous vouliez vous occuper de votre parent âgé peut être la motivation dont vous avez besoin pour continuer. Peut-être vouliez-vous savoir qu’ils étaient pris en charge par quelqu’un qu’ils aimaient ? Ou peut-être vouliez-vous passer plus de temps avec eux ? Quelle que soit votre motivation, souvenez-vous-en et rappelez-vous-en dans les moments difficiles.
3 – Demandez de l’aide
Parlez à d’autres membres de votre famille pour voir s’ils peuvent vous aider. Vous ne devriez pas avoir à assumer vous-même de telles responsabilités. Vous pouvez également demander de l’aide à d’autres personnes pour vous faciliter le quotidien dans d’autres aspects de votre vie. Peut-être qu’un voisin pourrait venir chercher votre enfant à l’école ou s’occuper de faire une course pour vous.
4 – Prenez soin de votre santé
Bien que vous passiez une grande partie de votre temps à vous occuper de la santé de quelqu’un d’autre, vous ne devez pas négliger la vôtre. Assurez-vous d’avoir une alimentation saine et équilibrée et faites de votre mieux pour dormir suffisamment.
L’exercice régulier est également essentiel si vous voulez commencer à vous sentir mieux et avoir plus de recul sur votre vie et vos responsabilités. Que vous aimiez le yoga, la course à pied ou la randonnée, prenez le temps de régulièrement faire un exercice que vous aimez (et au moins une fois par semaine).
5 – Contacter des aidants professionnels pour un soutien régulier
Il n’y a pas de honte à chercher de l’aide professionnelle, et les soignants à domicile peuvent s’avérer être une bouée d’air frais salvatrice pour vous permettre de prendre une pause tout en s’assurant que votre parent reçoit les soins de qualité qu’il mérite.
Recherchez également des soins de relève (plus connus au Canada qu’en France). Les soins de relève peuvent être offerts de façon ponctuelle ou, idéalement, comme une pause régulière pour vous et votre parent. Qu’un soignant ou un bénévole se lie d’amitié se rende au domicile de votre proche, ou que vous utilisiez des services de garde de jour spécialement conçus ou des soins de répit résidentiels, le soutien externe peut être une bouffée d’air frais, le temps pour vous recharger vos batteries.
6 – Acceptez l’aide quand elle est offerte
Vous êtes peut-être une personne fière qui n’aime pas accepter l’aide des autres, peut-être parce que cela vous donne l’impression d’abandonner votre parent. Mais vous devez comprendre qu’accepter d’être aidé, a pour effet d’aider toutes les personnes impliquées si cela vous permet d’être moins débordé.
7 – Soyez réaliste et apprenez
Ne vivez pas dans le déni : acceptez la situation dans laquelle se trouve la personne dont vous vous occupez. Soyez réaliste quant à la nature probable de sa maladie ou de son évolution. Cela nécessite un peu d’investissement de votre part : peut-être par le biais d’un livre ou d’articles de référence et de qualité sur internet (j’avoue qu’il est réellement difficile de trouver des informations fiables et de qualité sur internet). Parlez également au médecin ou à l’infirmière de votre parent pour savoir à quoi vous pouvez vous attendre.
Plus vous êtes informé et mieux vous serez préparé pour faire face aux événements qui ne manqueront pas d’arriver au fur et à mesure de votre parcours d’aidant.
8 – Concentrez-vous sur les choses que vous pouvez faire
Chaque jour, vous faites une différence pour la personne dont vous vous occupez. Concentrez-vous sur ce que vous avez accompli et sur ce que vous êtes en train d’accomplir chaque fois que vous les aidez à s’habiller ou que vous discutez avec eux autour d’un café ou d’une tasse de thé. Ce que vous faites est merveilleux et, si vous parvenez à ressentir un peu de fierté, vous vous sentirez invariablement moins dépassé.
À qui parler si vous ne vous sentez pas bien ?
Si vous êtes stressé et reconnaissez que vous êtes au bord du burn-out, si vous avez entrepris plusieurs des actions énoncées ci-dessus, mais qu’elles n’ont pas eu d’effet bénéfique et que vous ne vous sentez toujours pas bien… Il faut se faire aider. Il faut aller chercher de l’aide.
Je vous recommande, en premier, de parler à votre médecin généraliste et de lui demander de l’aide. Un médecin généraliste a déjà été confronté à ce genre de situation délicate. Il doit être en mesure de suggérer un plan d’action adapté à votre situation. Cela peut nécessiter la prise d’antidépresseurs légers, voire de se lancer dans une thérapie. Ne fermez pas la porte à ces idées, tant qu’il ne s’agit pas de décisions radicales.
Vous pouvez également décider de vous adresser directement à un conseiller ou à un thérapeute privé. Vous pouvez les trouver dans des annuaires locaux si vous effectuez une recherche en ligne ; vous pouvez consulter leurs sites internet pour voir s’ils travaillent avec des personnes ayant les problèmes que vous rencontrez. Certains d’entre eux offrent une consultation gratuite afin que vous si vos personnalités sont compatibles.
Une troisième option consiste à contacter une association d’aidants. L’association française des aidants (aidants.fr) a été créée en 2003 et s’est fixée pour mission (entre autres) de soutenir les aidants localement. Parcourez leur site internet pour trouver des groupes de soutien proche de chez vous. Rencontrer d’autres personnes dans la même situation peut réellement faire des merveilles en vous rappelant que vous n’êtes pas seul et que vos difficultés ne vous sont pas propres.
Ne vous sentez jamais gêné d’avoir besoin d’aide. Que vous discutiez de manière informelle avec un ami ou que vous parliez avec force détails lors d’un rendez-vous de thérapie professionnelle, vous obtenez le soutien dont vous avez besoin pour poursuivre le travail vital et bénéfique que vous faites.
Reconnaissez que votre action est utile et ne culpabilisez pas. Il existe des solutions à tous les problèmes, même quand la situation est compliquée. Mais ne baissez pas les bras.
J’espère que cet article sur le stress et le burn-out des aidants vous aura été utile.
N’hésitez pas à lire mes autres articles sur l’hygiène de vie.
