Personne âgée manipulatrice : comment gérer la situation ?

Une personne âgée manipulatrice n’est pas forcément méchante. Contrairement aux apparences, une personne âgée difficile, qui se plaint toujours ou qui a des troubles du comportement peut être confrontée à un problème de santé : ce sont peut-être les premiers symptômes de la sénilité.

Je vais vous expliquer l’origine et le mode de fonctionnement d’une personne âgée manipulatrice. Ensuite, je vais vous présenter les solutions à envisager. Il ne faut jamais baisser les bras…

En vieillissant, les gens perdent peu à peu le contrôle sur leur vie ainsi que sur leur indépendance. Ils dépendent de plus en plus des autres. Le corps se détériore et, par conséquent, à un moment ils auront besoin des autres pour les aider jusque dans les tâches les plus élémentaires.

Cette perte d’indépendance est difficile à supporter, surtout lorsque vous combinez la peur de la maladie, la perte d’un être cher et la frustration qui découlent de la douleur chronique, de la faiblesse et d’autres problèmes courants.

Par conséquent, de nombreux aînés portent leur attention sur la seule chose sur laquelle ils ont le contrôle : les autres. L’esprit peut rester fort et vif jusqu’à un âge avancé, et s’ils ont des soignants et des membres de la famille qui s’occupent d’eux, ils peuvent utiliser leurs capacités intellectuelles à leur avantage, en recourant à des tactiques de manipulation pour obtenir ce qu’ils veulent.

Personne âgée manipulatrice : comment gérer cette situation ?
Personne âgée manipulatrice : comment gérer cette situation ?

Une personne âgée manipulatrice réagit à la peur, la perte et au vieillissement

En vieillissant, les gens ont tendance à ressentir une perte de contrôle sur de nombreuses choses, notamment leur indépendance. Voici une liste de difficultés à laquelle une personne âgée doit faire face :

  • notre corps s’affaiblit, affectant souvent nos capacités physiques et nuisant à notre santé mentale ;
  • la douleur chronique peut également être une nouvelle réalité.
  • certaines personnes âgées perdent la capacité de marcher sans l’aide d’une autre personne ou d’une aide à la mobilité (comme un déambulateur) ;
  • l’incontinence peut devenir un problème embarrassant.
  • se sentir malade et différent de la personne qu’on a toujours été jusqu’ici est épuisant pour une personne (quel que soit l’âge), mais c’est particulièrement frustrant lorsqu’il n’y a pas grand-chose à faire pour remédier à la situation.

Lorsqu’elles réalisent que leur vie est définitivement changée à jamais, de nombreuses personnes âgées s’en prennent à leur entourage.

La manipulation chez les personnes âgées est un mécanisme d’adaptation malsain que nos aînés utilisent parfois, car il s’agit du seul moyen de contrôle sur leur vie qui leur reste.

Ils se mettent alors à microgérer tout et tout le monde dans leur environnement immédiat. Ils ciblent souvent la seule personne qu’ils croient (ou espèrent) qui ne les quittera jamais : c’est-à-dire vous, le soignant qui leur est le plus proche. Il faut comprendre les sentiments spécifiques de perte et de peur pour l’avenir qui anime votre proche au comportement manipulateur. Cela vous aidera à faire face à ce comportement et à trouver des moyens de les responsabiliser et de les rassurer.

Comment prévenir la manipulation chez les personnes âgées

Ce qui précède n’est vrai que pour les patients qui ne sont pas aux derniers stades de la démence car, comme je vous le montrerai ci-dessous, la manipulation est d’une toute autre nature quand la personne est atteinte de démence (dans ce cas précis, il faut ne pas se fier aux apparences). L’un des problèmes que rencontrent les aidants familiaux est qu’ils ont beaucoup d’amour pour la personne âgée qui bénéficie de soins et ils se sentent responsables d’elle.

Plus important encore, ils peuvent sous-estimer leur proche âgé, en supposant que leur esprit échoue simplement parce qu’ils font plus de siestes qu’avant et ne se souviennent pas aussi bien que par le passé. Cela dit, la personne âgée dont il est question a des décennies d’expérience derrière elle et connaît ses enfants adultes mieux qu’il ne se connaît lui-même. Si quelqu’un est capable de manipulation, c’est ce parent âgé.

Pour vous rendre la vie plus tolérable en présence d’une personne âgée manipulatrice, concentrez-vous sur les points ci-dessous.


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Comprendre quand il s’agit d’abus envers les aidants

Si la manipulation devient grave et entraîne des abus physiques, mentaux ou de la négligence, elle peut avoir atteint le domaine de la maltraitance des soignants. À ce stade, vous devez adopter une approche plus sérieuse et plus dure.

Si une personne âgée vous maltraite et sait qu’elle vous maltraite, retirez-vous de la situation. Vous n’êtes pas obligé de vous occuper de parents violents, surtout lorsqu’ils peuvent subvenir eux-mêmes à leurs besoins ou déménager dans une maison de retraite.

Vous êtes là pour leur faciliter la vie, et s’ils rejettent votre aide et vous le renvoient au visage, prenez simplement du recul. Je sais que c’est plus simple à dire qu’à faire, mais c’est la réalité, c’est la meilleure chose à faire. Et au fond de vous-même, vous le savez aussi.

Bien sûr, c’est une autre histoire pour une personne âgée qui lutte contre la démence et d’autres problèmes de santé mentale.

Ne baissez pas les bras face à un parent manipulateur

Si vous êtes persuadé d’être manipulé, ne cédez pas à ses besoins. Bien sûr, cela peut être un sujet sensible, et il ne faut jamais priver votre proche d’une aide indispensable. En même temps, si votre proche vous harcèle pour du chocolat et des bonbons au lieu de manger un dessert sain, ne le laissez pas manger ce dessert.

Ce qui compte, c’est le repas principal, les friandises sont du superflu, et s’il vous menace de ne plus manger, il ne faut pas céder. Il en va de même lorsque votre proche insiste pour regarder ses émissions de télévision préférées.

Je vous conseille de régulièrement rappeler que vous êtes là pour l’aider et pour vous assurer que ses besoins fondamentaux sont satisfaits. Vous souhaitez également que tout se passe, autant que possible, dans la bonne humeur, mais que vous n’êtes pas là pour vous plier à tous ses ordres.

Considérez d’autres options

Lorsqu’une aide extérieure est absolument nécessaire et que la manipulation ou l’abus rend votre travail difficile, vous devez envisager d’autres options. Asseyez-vous avec votre parent et discutez des options qui s’offrent à vous avec votre parent et expliquez votre raisonnement.

Votre parent aura deux possibilités :

  • soit il change ses habitudes et arrête ses tactiques manipulatrices ;
  • soit il va augmenter ses efforts et essaiera de vous effrayer.

Si vous faites face au deuxième cas de figure, prenez l’initiative et ayez recours à des services de garde à domicile ou entamez une démarche pour un placement en résidence senior. Cela limitera votre implication et votre expositions aux comportements manipulateurs.

La dynamique de la relation de soins

Parfois, la dynamique difficile entre un aidant et un bénéficiaire de soins est profondément enracinée depuis de nombreuses années. Si votre parent âgé a toujours été la personnalité dominante dans votre relation, il est probable que son comportement ne fera qu’empirer à mesure qu’il prend de l’âge et que sa santé se détériore.

Avec certains parents âgés exigeants, un style parental trop critique et autoritaire se transmet de génération en génération. La dynamique d’un enfant essayant de plaire à un parent qui ne peut jamais être satisfait est tellement ancrée dans la relation que la thérapie familiale pourrait être la seule option d’amélioration. Cependant, il est peu probable que l’ensemble des membres de la famille acceptent cette opportunité si tard dans l’existence d’une personne.

Si votre proche âgé manipulateur est un conjoint, la dynamique peut s’être développée sur une période de temps plus courte, mais il peut tout de même être très difficile de fixer de nouvelles limites et d’atteindre une structure de pouvoir plus équilibrée. La thérapie de couple est une option qui peut donner de bons résultats, mais à la seule condition que les deux parties sont capables et désireuses d’y participer.

Bien que ce ne soit pas une excuse, l’analyse du comportement de votre aîné dans le contexte de la dynamique familiale peut fournir quelques indices sur les origines de son besoin de contrôle. Si ce comportement est relativement nouveau et n’a pas été un modèle dans votre relation, il peut s’agir d’une réaction motivée par la peur. Une autre cause, hors de leur contrôle, peut être l’apparition de symptômes de démence.

Les personnes atteintes de démence sont-elles manipulatrices ?

De nombreux soignants atteints de démence croient à tort que leurs bénéficiaires de soins sont capables d’avoir un comportement manipulateur. Au début, avant que leur esprit ne se détériore, cela peut être vrai. Cependant, la plupart du temps, ces manipulations sont le résultat de la confusion, de l’incertitude, de l’agitation, de la perte de mémoire et même d’autres symptômes inquiétants associés à cette maladie.

Pour les enfants adultes chargés de s’occuper de parents atteints de démence, il est facile de voir des manipulations là où il n’y en a pas. Après tout, ils voient un comportement auquel ils ne sont pas habitués et, comme ils assument le rôle de soignant, ils peuvent traiter leurs parents comme ils traiteraient des enfants, qui peuvent certainement être manipulateurs.

Du point de vue d’une personne atteinte de démence, elle peut mentir parce qu’elle ne se souvient pas de la vérité. Elle peut refuser de répondre aux demandes du soignant, faire des crises de colère et afficher généralement un comportement enfantin. Mais c’est à cause de la maladie ; ce n’est pas de la manipulation.

Si un parent ou un bénéficiaire de soins affiche ce genre de comportement, gardez à l’esprit les conseils suivants.

Face à ces manipulations : ne le prenez pas personnellement

Il est difficile de voir un être cher glisser dans l’abîme de la maladie d’alzheimer ou d’une autre démence. De nombreux enfants et conjoints sont pris pour des chauffeurs de taxi, pour du personnel infirmier ou tout simplement convertés en gardiens. Quand un proche à consacré une large partie de sa vie à cette personne et qu’elle l’aime de tout leur cœur, c’est difficile à accepter.

Cependant, il est important de se rappeler que tout cela fait partie de la maladie et ne doit pas être pris personnellement. C’est également vrai pour les tactiques dites de manipulation. S’ils s’agitent et se déchaînent, cela ne signifie pas qu’ils vous aiment moins, ni qu’ils se soucient davantage d’éviter leurs médicaments que de vous.

C’est la maladie, et ils n’y peuvent rien.

Evitez de vous disputer

Bien qu’il soit tentant d’argumenter et d’utiliser la raison, cela ne fonctionnera pas si le patient souffre de démence à un stade avancé. Non seulement ils ne sont pas pleinement conscients de ce qu’ils font, mais ils n’ont pas la capacité de raisonner. Ils sont réactionnaires, pas compréhensifs, ce qui signifie qu’ils peuvent réagir à votre ton et à la colère perçue, mais ne tiendront pas nécessairement compte de vos paroles.

Prenez du temps pour vous

Le stress des aidants est une condition très réelle et invalidante, et à mesure que de plus en plus de membres de la famille assument ce rôle difficile(à travers notre société), il devient de plus en plus répandu.

Peu importe à quel point vous aimez votre proche et à quel point vous vous sentez responsable pour lui (pour elle). Vous n’êtes qu’une seule personne et vous n’êtes pas un professionnel de santé expérimenté, vous ne pouvez donc pas vous attendre à ce que vous restiez calme et en contrôle 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Pour éviter d’être surmené, parce que votre santé finira par en souffrir, recherchez de l’aide. Il existe des services d’aide à domicile et de soins à domicile qui sont conçus pour vous aider à vous reposer.

Faites attention aux événements déclencheurs

Lorsqu’une personne atteinte de démence réagit violemment et a un épisode, observez le temps, l’environnement et les événements déclencheurs potentiels. Essayez de détecter la cause. Cela peut être quelque chose que vous avez dit, ou même le bruit de la radio ou de la télévision. Le fait d’identifier ces événements déclencheurs et de les supprimer des interactions futures réduira le risque que de tels problèmes se reproduisent.

Obtenir de l’aide

Certains aidants peuvent passer toutes leurs journées à s’occuper d’une personne et toutes leurs nuits à s’inquiéter pour elle. Ils assument le rôle d’un nouveau parent et passent chaque heure d’éveil épuisé, ainsi que dans le désespoir et l’inquiétude.

Cela peut durer quelques mois. On peut comparer cette situation avec l’arrivée d’un nouveau-né : vous pouvez investir beaucoup de temps pendant quelques mois, mais vous devez vous rappeler que vous ne bénéficiez plus des avantages de la jeunesse et de la santé. Vous aussi vous prenez de l’âge et faites certainement face à vos propres problèmes de santé.

Au bout d’un moment, cela devient une tâche presque impossible à porter seul. Vous perdrez le sommeil, vous arrêterez de manger correctement et vous finirez pas avoir l’impression de devenir fou. À ce stade, il est facile de croire que votre proche âgé vous manipule sciemment.

Faites venir quelqu’un d’autre pour vous aider, qu’il s’agisse d’un ami, d’un voisin ou d’un membre de votre famille. En règle générale, lorsqu’un parent âgé décède et laisse l’autre parent seul, ou lorsqu’un parent reçoit un premier diagnostic de démence, les enfants adultes reçoivent un flot de condoléances et de soutien. Les gens veulent aider et offrent parfois leurs services, alors commencez par accepter cette situation et l’aide que votre entourage peut vous offrir.

Ces proches n’ont pas besoin d’aider à faire la toilette, mais chaque petit geste compte. Un voisin peut promener le chien ou préparer une portion supplémentaire de son repas du soir. Un membre de la famille peut aller faire des courses ou aller chercher les médicaments à la pharmacie. Les amis peuvent installer des aides à la mobilité. Même la plus petite offre va très loin, car c’est une chose en moins dont il faut se soucier pour le soignant.

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