Personnes âgées et l’hôpital : éviter une hospitalisation !

Nous (les français) entretenons une histoire d’amour avec les hôpitaux.

Nous avons pu nous en rendre compte pendant la pandémie du coronavirus. Les hôpitaux étaient déjà sous pression bien avant ça, parce que nous avons depuis trop longtemps pris l’habitude de nous précipiter aux urgences dès qu’il y a un problème. Et aussi parce que la médecine de ville est aux abonnés absents (mais c’est un autre débat).

Et puis, l’hôpital, dans notre esprit collectif, inspire la confiance : les médecins, les infirmiers et infirmières ont étudié pendant des années et ont de l’expérience, et ce type d’établissement dispose des meilleurs équipements pour réaliser le suivi médical. La relation entre les personnes âgées et l’hôpital est souvent plus forte : les éléments mentionnés ci-dessus nous inspirent confiance et on pense qu’on sera bien soigné.

Cette relation presque romantique avec les hôpitaux n’est pas tout à fait déplacée. Il y a des millions de personnes qui ont besoin d’une intervention chirurgicale vitale et qui vivent plus longtemps parce qu’un hôpital a pu les traiter efficacement. Les urgences des hôpitaux publics gèrent souvent les cas les plus difficiles de la société, de la toxicomanie à la maladie mentale.

Mais vous déconseille de commencer votre parcours de soin dans un hôpital. Surtout quand on est un senior.

C’est un peu comme prendre votre première leçon de tennis à Roland Garros. Mais c’est malheureusement souvent là que ça commence. Vous pouvez être dans un état de déni concernant la fragilité de vos parents. La possibilité que quelque chose de grave se produise plane quelque part dans un coin de votre esprit… jusqu’au jour où vous ne pouvez plus l’ignorer parce que… vous recevez l’appel tant redouté.

Et là, vous êtes parti pour un voyage dans un des endroits les plus dangereux pour une personne âgée : l’hôpital. La recherche le prouve. Il suffit de lire cette étude (en anglais), intitulée “L’importance des expériences des patients âgés en matière de prestation de soins pour leur qualité de vie après l’hospitalisation”.

Dans cette étude, qui date de 2015, il est précisé :

Une fois admis à l’hôpital, les patients âgés courent un risque accru de mauvais résultats tels que la réadmission, l’allongement de la durée du séjour, le déclin fonctionnel, les complications iatrogènes et le placement en maison de retraite.

Je vous rassure : j’ai dû regarder ce que le mot iatrogène signifie. La Larousse explique que c’est un trouble ou une maladie provoquée par un acte médical ou par la prise de médicaments, même en l’absence d’erreur de la part du médecin.

personnes âgées et l’hôpital
Les personnes âgées et l’hôpital : y réfléchir à deux fois avant une hospitalisation…

Les personnes âgées et l’hôpital : 3 façons d’éviter une hospitalisation

Je n’ai rien contre les hôpitaux, mais il faut bien avouer que les hospitalisations offrent une multitude de possibilités (et risques) de voir la santé propres aux personnes âgées très fragiles décliner. Cela va de la perte de force musculaire à la perte de fonctions cognitives, ce qui peut déclencher et exacerber une spirale négative de dépendance et de fragilité qui peut ensuite conduire à une maison de retraite.

Bien sûr, la meilleure façon d’éviter le traumatisme potentiel d’un séjour à l’hôpital est de l’éviter, tout simplement. Voici trois choses, parmi les plus importantes, que vous pouvez faire pour réduire au maximum les déplacements de vos parents (et les vôtres) à l’hôpital.

Éviter les chutes

Une fois que vous atteignez 65 ans, votre plus grand risque de blessure provient d’une chute. Un tiers de toutes les personnes âgées tombent chaque année et le coût médical direct pour le pays en 2016, dû à la chute des personnes âgées, était estimé à 2 milliards d’euros.

Individuellement, ce coût se situe entre 2 000 et 8 000 euros par chute et suivant la gravité.

Arrêtons-nous ici un instant et reconnaissons simplement que, si votre mère ou votre père insiste pour monter sur un escabeau pour chercher quelque chose en hauteur dans le placard, vous ne pouvez pas faire grand-chose à ce sujet.

Vous ne pouvez pas passer votre temps à contrôler vos parents : à trop être sur leur dos pour limiter les risques d’accident vous pourriez les empêcher de vivre (et cela finirait par dégrader votre relation).  Donc, il ne s’agit pas de faire quoi que ce soit parfaitement ou de tout faire correctement. Il s’agit d’avoir des connaissances qui peuvent ensuite faire la différence.

Un conseil pratique à vérifier : assurez-vous que votre mère et votre père n’ont pas de carence en vitamine D. Cette vitamine peut aider votre corps à absorber le calcium, qui est important pour la santé des os, et qui à son tour fournit la stabilité et la force nécessaires pour rester debout !

Peut-être que vous n’arriverez pas à faire descendre votre mère de son escabeau, mais il n’y a aucune règle qui dit que vous ne pouvez pas faire pression pour qu’elle se débarrasse des tapis dans lesquels elle risque de se prendre les pieds.

Il existe des moyens simples de rendre la maison plus sûre pour vos parents. J’ai d’ailleurs écrit un article sur la prévention des chutes, surtout quand on trébuche souvent.

Avez-vous déjà vu votre père se lever d’une chaise avec ses mains ? Ça n’est pas bon signe ! C’est même un signe qu’il doit se concentrer sur le renforcement de la force musculaire de ses jambes au moment de se lever : un élément très important de la stabilité et de la mobilité. Essayez une thérapie physique ou un autre exercice prescrit par son médecin.

Il est donc bon de prévenir les chutes, si on souhaite pas commencer une « relation » entre les personnes âgées et l’hôpital. Mais on peut aller plus loin…

Réduire les médicaments

Plus votre mère ou votre père âgé prend de médicaments (et même vous, d’ailleurs), et plus il y a de risques de problèmes d’interactions, d’effets secondaires et tout simplement que le suivi médicamenteux ne soit pas correctement géré (je le vois avec ma grand-mère en maison de retraite : les visites sont au bon vouloir du médecin).

Parlez donc au médecin des véritables objectifs de vos parents et s’il existe des possibilités d’éliminer certains médicaments et de réduire ceux qui sont indispensables à la juste dose. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : les médicaments sont nécessaires et font partie de la vie courante avec l’âge. Il est cependant peut-être bon de les « rationaliser » s’il y en a trop.

Les médicaments psychoactifs comme les benzodiazépines (pensez au Valium et au Xanax) et les sédatifs en vente libre peuvent altérer l’équilibre, donc, votre mère ou votre père (s’ils le souhaitent) devrait demander à leur médecin : « quels médicaments dois-je arrêter si ma priorité numéro un est d’éviter les chutes ? ».

Il faut cependant être conscient qu’être proactif dans les soins de vos parents peut causer des frictions entre vous et les médecins. Vous devez être prêt à défier leur autorité même si c’est un peu intimidant.

Remettre en question la nécessité de réaliser un acte chirurgical

S’il y a quelque chose dans ce pays que notre système médical aime et pour lequel il paie beaucoup d’argent, c’est la chirurgie. J’observe malheureusement (autour de moi) que la chirurgie fait parfois plus de mal que de bien. Des témoignages du genre : « après l’anesthésie, maman n’a plus jamais été la même. »

Il faut l’admettre : la chirurgie est tout simplement un acte dangereux et compliqué pour les personnes âgées fragiles et je vous encourage à obtenir plusieurs avis avant de vous décider. C’est le bon moment pour vous demander, à vous et à vos parents : “qu’est-ce qui est le plus important à ce stade de la vie ? Cette chirurgie l’aidera-t-elle à se sentir mieux ou la mettra-t-elle en danger ?”

Le plus important est peut-être de parler avec un médecin qui comprend et soutient les objectifs de vos parents. Il faut travailler à l’avance avec le médecin pour trouver des stratégies pour éviter la salle d’opération.

Les interventions chirurgicales qui fonctionnent sans accroc pour une personne de 45 ans ne sont pas du tout la même chose pour une personne de 85 ans. Je continue d’espérer qu’avec le vieillissement de la population, la formation médicale rattrapera la réalité de ces différences. En attendant, il nous incombe à tous de rester vigilants quant à la santé de nos parents et de nos proches plus âgés.

J’espère que cet article sur les personnes âgées et l’hôpital et sur les façons efficaces d’éviter une hospitalisation vous aura été utile.

Vous pouvez trouver mes autres articles sur l’hygiène de vie ici.

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