Personne âgée fatiguée de vivre : que faire ? 5 conseils

« Je suis fatigué de vivre. »
« Je ne peux plus gérer ça, je veux juste mourir. »
« Mon conjoint me manque tellement. Je suis prêt à partir et à être à nouveau avec elle.”

Les aidants familiaux entendent trop souvent ce genre de déclarations de la part de leurs parents âgés. Ce que beaucoup ne comprennent pas, cependant, c’est que vous êtes censé réagir et répondre à des commentaires aussi choquants et perturbants. Sans compter que cela fait très mal d’entendre quelqu’un que l’on aime faire des commentaires aussi désespérés.

Aucun d’entre nous ne sera jamais prêt à faire face à une personne âgée fatiguée de vivre. C’est quelque chose de très dur à vivre, mais avec la perte d’autonomie au grand âge, c’est une situation à laquelle nous serons forcément confrontés. Je l’ai vu avec mes grand-mères. Comment doit-on gérer le fait que notre présence et nos soins ne semblent plus suffisants ?

une personne âgée fatiguée de vivre
Une personne âgée fatiguée de vivre

Pourquoi une personne âgée est fatiguée de vivre

La vie de chaque personne est unique, il existe donc d’innombrables facteurs qui peuvent amener une personne âgée à vouloir hâter sa mort. Une étude sur le désir de mourir des personnes âgées (en anglais) a révélé que les thèmes récurrents parmi les aînés qui ont exprimé un souhait de mort incluent :

  • être veuf,
  • se sentir seul,
  • être une victime,
  • être dépendant,
  • et vouloir être utile.

Ces participants se sont retrouvés dans des situations intolérables qu’ils se décrivaient eux-mêmes incapables d’améliorer leur quotidien et ont commencé à voir la mort comme la seule option viable pour reprendre le contrôle de leur situation.

Une autre étude a approfondi ce phénomène et a révélé que les participants âgés ressentaient une profonde déconnexion vis-à-vis de la vie et des autres, car ils devenaient eux-mêmes plus vulnérables et dépendants. De plus, perdre sa capacité à participer à des projets et à des activités qui génèrent un sens et en accord avec sa personnalité fait que certaines personnes âgées ont l’impression d’avoir perdu leur identité et leur place dans le monde.

Même ceux qui ne souffrent pas d’une maladie ou d’un trouble psychiatrique potentiellement mortel sont confrontés à des changements liés à l’âge. Notamment des décès autour d’eux. Exprimer le désir de rejoindre un être cher perdu peut indiquer qu’une personne âgée a le sentiment que sa vie se termine.

Si un parent nous dit qu’il est “prêt à mourir”, c’est une indication de douleur et de souffrance, ou alors ils veulent simplement parler des conséquences physiques et émotionnelles du vieillissement. Quoi qu’il en soit, il est important de saisir cet indice comme une occasion d’encourager les discussions sur la qualité de vie et les inquiétudes à propos du futur.

Comment répondre à un parent qui exprime le souhait de mourir ?

J’ai eu l’occasion de longuement discuter avec une infirmière psychiatrique qui a des années d’expérience et qui a été confrontée au dépistage de la dépression, à la prévention du suicide, aux soins de santé dans le cadre d’un maintien à domicile et aux soins de santé comportementaux pour les personnes âgées.

J’ai pris des notes suite à ces discussions et je restitue ici les conseils qu’elle a alors prodigués aux aidants familiaux qui font face à cette situation difficile : un parent âgé fatigué de vivre.

1. Aidez-les à gérer leurs émotions.

Les émotions douloureuses qui entourent le sujet de la mort peuvent parfois rendre les aidants “allergiques” à avoir des dialogues honnêtes et ouverts avec leurs proches. C’est la même chose pour les soignants avec leurs patients.

Si votre parent n’arrête pas d’exprimer que sa vie ne vaut plus la peine d’être vécue ou qu’il vaudrait mieux qu’il soit mort, il faut peut-être lui poser des questions pour l’amener à réfléchir à des moyens de mieux faire face au processus de vieillissement. Des questions telles que « pourquoi te sentes-tu ainsi ? » et « qu’est-ce que tu aimerais être différent ? » peuvent aider une personne âgée à se concentrer sur les faits d’une situation au lieu de se laisser prendre par ses sentiments de douleur et d’impuissance.

Si votre parent vit avec la maladie d’Alzheimer ou une autre forme de démence, il se peut qu’il ne comprenne pas entièrement ces questions ou qu’il ne soit pas en mesure d’y répondre. Pour aggraver les choses, lorsqu’une personne atteinte de démence veut mourir, sa perte de mémoire peut l’amener à verbaliser ce souhait à plusieurs reprises. Dans ce cas, un aidant (ou un soignant) doit résoudre le problème par la validation et la redirection. Ce sont des techniques abordées dans cet article sur le cas d’une personne âgée qui répète toujours la même chose.

Commencez par admettre et reconnaître les pensées et les sentiments de votre parent pour vous assurer qu’il se sente entendu, mais essayez ensuite de le distraire en changeant de sujet vers quelque chose de plus agréable ou en commençant une activité ensemble.

Ruminer des pensées qui tournent autour de la mort n’est pas sain pour les personnes atteintes de démence, ni même les aidants qui côtoient un parent atteint de démence. Il est donc important de trouver une solution qui vous aide tous les deux à rester concentrés sur d’autres aspects plus positifs de la vie.

2. Fixez des limites

Bien qu’il soit sain de parler à votre proche de ses sentiments, il est également essentiel de savoir quand arrêter de parler de ces sujets. Les patients atteints de démence ne peuvent s’empêcher de répéter les mêmes choses, mais si une personne âgée a toute sa tête et n’arrête pas d’évoquer son désir de mourir, alors vous devez fixer des limites.

Il est recommandé de prévoir du temps pour discuter des choses difficiles. Cela permet d’éviter que des dialogues difficiles ne surgissent à l’improviste, ce qui peut être épuisant sur le plan émotionnel, en particulier pour les aidants familiaux qui sont déjà tellement sollicités.

Si votre parent âgé aborde le sujet alors que vous êtes émotionnellement indisponible (car fatigué), rappelez-lui gentiment que vous avez tous les deux convenu de réserver du temps pour en parler plus tard.

3. Permettez-leur de « se préparer »

Dans certains cas, ces déclarations apparemment morbides ne découlent pas réellement de sentiments de solitude ou de dépression. Pour les personnes âgées, parler de la mort peut véritablement faire partie de leur manière de se préparer à la fin de vie.

Que votre parent ait reçu un diagnostic de maladie en phase terminale ou qu’il soit aux prises avec un âge avancé et certains problèmes de santé chroniques, il est susceptible de faire face à de nombreuses pensées inconfortables et à des décisions difficiles en matière de soins.

L’annonce par un aîné qu’il est prêt à mourir peut faire partie de son processus d’acceptation que la mort est proche. Hésiter à reconnaître cette réalité est normal, mais s’engager dans des conversations concrètes est susceptible de vous soulager tous les deux de votre détresse psychologique.

Les discussions sur la fin de vie donnent aux personnes âgées l’occasion de traiter leurs sentiments, de partager leurs préférences en matière de soins de fin de vie et d’arrangements funéraires, et aussi d’articuler des instructions pour leur succession. Aborder certains de ces aspects logistiques de la fin de vie peut aider les personnes âgées et leurs proches à se sentir confiants qu’ils sont sur la même longueur d’onde et qu’ils sont mieux préparés face aux incertitudes à venir.

Encouragez votre parent à officialiser ses plans et ses souhaits s’il ne l’a pas déjà fait. Cela peut inclure des directives concernant ses soins, la rédaction d’un testament ou même de planifier ses futures funérailles et de mettre en ordre leurs documents juridiques, financiers et médicaux. Si un parent âgé a déjà tout prévu pour sa fin de vie, assurez-vous que ces plans reflètent toujours ses souhaits actuels, sa situation financière, etc.

4. Cherchez des signes de dépression

Comme toujours, il est important que les aidants familiaux soient vigilants quant à d’éventuels symptômes de dépression. Des commentaires réguliers sur le désir de mourir pourraient être un signe que votre parent souffre de ce trouble de santé mentale.

Les symptômes courants de la dépression chez les personnes âgées peuvent inclure :

  • des sentiments persistants de tristesse et d’anxiété,
  • une perte d’intérêt pour les activités qu’ils aiment pourtant,
  • dormir trop ou trop peu,
  • une perte d’énergie,
  • de l’irritabilité,
  • et une perte d’appétit.

5. Traiter les symptômes physiques

La fin de vie est une période difficile sur le plan émotionnel, mais les symptômes physiques épuisent également un aîné. Les changements liés à l’âge, tels que la perte de vision et d’audition, la perte d’énergie, le manque de sommeil et les douleurs articulaires, combinés aux symptômes d’autres problèmes de santé et aux effets secondaires des médicaments, peuvent avoir un impact significatif sur les capacités fonctionnelles et sur la qualité de vie d’un être qui nous est cher.

Si un aîné exprime le désir de mourir, posez des questions sur ses problèmes physiques et ses objectifs en matière de soins de santé. Ces objectifs ont tendance à changer au fil des ans, surtout plus tard dans la vie. L’accent passe souvent de la quantité à la qualité.

Travaillez avec le médecin généraliste de votre proche pour voir si des changements peuvent être apportés à son plan de soins pour mieux refléter ses objectifs et répondre à ses besoins. Les soins palliatifs sont une excellente option pour de nombreuses personnes âgées, car ils utilisent une approche interdisciplinaire pour gérer les symptômes physiques et mentaux d’une maladie grave. Un patient peut recevoir des soins palliatifs en conjonction avec des traitements curatifs.

Si l’état de santé de votre parent âgé est très dégradé, il faut envisager les soins palliatifs qui sont un type de soins pour les personnes dont l’espérance de vie est estimée à six mois ou moins. L’objectif des soins palliatifs est de fournir une mort digne et un soutien physique, émotionnel et spirituel tout au long du processus d’accompagnement vers la mort. Ce sont des décisions difficiles à prendre.

Personne âgée fatiguée de vivre : un dernier commentaire

Au milieu de tous ces sujets graves et peu réjouissants, il est très important de prendre du temps pour soi : surtout lorsqu’on a affaire à un être cher qui n’arrête pas de dire qu’il veut mourir.

Un aidant familial peut se laisser submerger par la négativité persistante de son parent âgé au point de finir par devenir lui-même déprimé. Le stress des aidants est une réalité. Ces conversations peuvent être mentalement épuisantes, mais elles sont souvent nécessaires.

Cherchez un peu de soutien dans votre entourage et votre famille : pour qu’on vous soulage de temps à autre. Une autre solution réside dans les soins de relève, qui sont présents au Canada, mais qui se développent aussi peu à peu en France, en Suisse et en Belgique. Les soins de relève sont là pour que vous puissiez faire une pause dans vos tâches d’aidant familial et pour vous ressourcer. Si vous ne prenez pas le temps de vous reposer, vous risquez de développer un burn-out et de craquer.

J’espère que cet article vous a été utile pour le cas où vous êtes confronté à une personne âgée fatiguée de vivre ou un personne âgée qui ne peut plus vivre seule

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: