Les chutes sont une chose effrayante. La plupart des gens savent que les chutes sont dangereuses pour les seniors. Mais rares sont les personnes qui osent avouer “je trébuche souvent”.
Il y a quelques années, j’ai lu qu’une chute sur cinq entraînait une blessure grave, du type fracture ou traumatisme crânien (je ne peux malheureusement pas sourcé la citation). Par expérience, je sais que les chutes peuvent sérieusement affecter la qualité de vie d’une personne âgée et, malheureusement, l’empêcher d’être active et de s’épanouir.
Ma mère était infirmière et je me souviens que quand ses patients avaient fait une mauvaise chute, ils avaient souvent du mal à “récupérer”. Plus la personne concernée était âgée et plus elle avait de séquelles.
C’est pourquoi les seniors et leurs familles s’intéressent à la prévention des chutes, car les risques sont très importants. La bonne nouvelle est que, même s’il n’est pas possible de prévenir toutes les chutes, il est presque toujours possible de prendre des mesures qui réduisent les risques d’une mauvaise chute.
La prévention est d’autant plus importante que les statistiques de santé sur les personnes âgées montrent que près d’une personne sur quatre âgée entre 65 et 79 ans fait au moins une chute par an. Au-delà de 80 ans, une personne sur trois fait au moins une chute par an. L’âge est donc un facteur aggravant.
Si vous voulez comprendre et réduire les risques de chute, vous êtes au bon endroit.
Je vais vous montrer :
- comment le fait de comprendre pourquoi les seniors tombent peut nous aider à assurer la sécurité d’un parent âgé – ou même la nôtre 😉 ;
- pourquoi les plans de prévention des chutes personnalisés sont plus efficaces que les conseils généraux de prévention des chutes ;
- un processus en quatre étapes pour aider les seniors à prévenir les chutes ;
- un exemple pratique pour vous montrer concrètement comment éviter au maximum les chutes.
Je trébuche souvent en marchant, je suis un senior
Ce n’est pas parce que je suis un senior que je dois accepter de trébucher ou de chuter. Naturellement, les chutes arrivent plus fréquemment quand on se déplace. Mais ce n’est pas le fait de nous déplacer qui est la cause de nos chutes. La différence est subtile.
Il faut d’abord comprendre pour quelles raisons nous faisons des chutes pour pouvoir ensuite agir et réduire les risques.
L’objectif est que ne dise plus jamais “je trébuche souvent”.
Quelles sont les causes des trébuchements et des chutes ?
Les raisons pour lesquelles les personnes âgées tombent sont nombreuses. La plupart des personnes âgées tombent en raison d’une combinaison de raisons qui leur est propre.
Alors comment devez-vous vous y prendre pour réduire le risque de chute ?
Vous pouvez – et devez – essayer de mettre en œuvre les conseils généraux qui sont souvent énumérés dans la plupart des ressources sur la prévention des chutes : l’exercice physique, le contrôle des médicaments par le médecin, les contrôles de la vue et de l’ouïe et les vérifications des conditions de sécurité à domicile.
Mais si vous voulez vraiment aider un proche âgé à éviter les chutes, je vous recommande d’apprendre à mieux comprendre pourquoi il ou elle, en particulier, risque de tomber.
Pourquoi ? Parce que si vous comprenez les raisons spécifiques pour lesquelles une personne âgée peut tomber, vous serez alors en mesure :
- d’identifier les stratégies de prévention des chutes les plus susceptibles d’aider la personne dont vous vous inquiétez ;
- de reconnaître les situations à risque, et de prendre des mesures pour les éviter,
- de savoir quelles conditions médicales – et quels médicaments – demander à vos médecins d’examiner,
- de comprendre ce qui a pu causer une chute spécifique, ce qui peut vous aider à éviter de nouvelles chutes.
En d’autres termes, apprendre pourquoi les seniors tombent signifie que vous serez en mesure de comprendre pourquoi votre parent est susceptible de tomber – et de prendre des mesures adéquates pour l’aider.
Les troubles visuels à l’origine des chutes
Les maladies oculaires liées à l’âge peuvent rendre difficile, voire impossible, la détection des risques de chute, tels que les marches, les flaques d’eau et les seuils. Même si une personne âgée est en excellente condition physique, le fait de ne pas voir les obstacles ou les changements de niveau du sol peut entraîner une mauvaise chute.
Le refus de suivre les recommandations du médecin en matière de traitement, notamment le port de lunettes ou l’utilisation des équipements nécessaires dans le cas de malvoyance, peut également entraîner une chute.
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Les problèmes auditifs ou d’oreille interne peuvent provoquer des chutes
Une personne qui a des problèmes auditifs n’est pas capable d’anticiper certains événements. La surprise provoquera un mouvement brusque, souvent pour se protéger, qui risque d’entraîner une chute.
L’oreille interne est la clé de voûte de notre équilibre. Avec l’âge, il peut ne plus être aussi efficace, ce qui peut provoquer plus facilement une perte d’équilibre. S’il est clairement identifié, il faudra être particulièrement vigilant à ce facteur de risque.
Problèmes articulaires et physiques
De nombreux adultes deviennent moins actifs en vieillissant, ce qui exacerbe les effets physiques du vieillissement. L’absence d’exercice régulier, même léger, entraîne une diminution de la force musculaire, de la masse osseuse, de l’équilibre, de la coordination et de la souplesse.
Les chutes causées par les prises médicamenteuses
Une grande variété de médicaments peut augmenter le risque de chute d’une personne âgée. Les effets secondaires, tels que la somnolence, les vertiges et l’hypotension artérielle, peuvent tous contribuer à un accident.
Les sédatifs, les antidépresseurs, les antipsychotiques, les opioïdes et certains médicaments cardiovasculaires sont les coupables les plus courants. Selon le manuel Merck, un peu plus de 40 % des personnes âgées prennent au moins cinq médicaments par semaine.
La prise de plusieurs médicaments augmente le risque d’interactions médicamenteuses et de chute. N’oubliez pas que les médicaments en vente libre et les suppléments peuvent également avoir des effets secondaires puissants et des effets synergiques.
Les maladies chroniques à l’origine des trébuchements
Des problèmes de santé tels que la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer et l’arthrite entraînent une faiblesse des extrémités, une faible force de préhension, des troubles de l’équilibre et une déficience cognitive.
Une mauvaise santé physique augmente le risque initial de chute d’une personne et réduit sa capacité à réagir et à se remettre d’un danger, comme trébucher ou glisser.
Une neuropathie périphérique, ou lésion nerveuse, peut provoquer un engourdissement des pieds, ce qui rend très difficile pour une personne âgée de percevoir les dangers environnementaux et de se déplacer en toute sécurité.
Les comportements à risque à l’origine de nombreuses chutes
Le risque de chute d’une personne est influencé par son mode de vie et ses comportements. Cela comprend les types d’activités qu’elle pratique, le niveau de demande physique que ses activités exigent, ainsi que sa volonté et sa capacité à adapter sa routine pour améliorer sa sécurité.
Par exemple, la lessive est une activité quotidienne normale pour de nombreuses personnes, mais elle peut demander beaucoup d’efforts à une personne âgée, surtout si elle transporte un panier à linge lourd. Cette activité peut être risquée en soi, mais si la personne refuse également de porter des chaussures sûres et antidérapantes ou si elle passe par un escalier tout en portant son panier elle s’expose à un risque accru.
Le fait de ne pas modifier les comportements pour tenir compte de difficultés nouvelles ou croissantes est un facteur contributif grave, mais courant, des chutes chez les seniors.
Parmi les comportements à risque, il faut évoquer la consommation d’alcool. C’est également un facteur aggravant.
Un domicile inadapté à l’origine des chutes
La majorité des chutes chez les seniors se produisent à l’intérieur ou autour de leur domicile. Les facteurs environnementaux tels qu’un mauvais éclairage, le désordre, des tapis lâches, des sols glissants et le manque d’équipement de sécurité peuvent compromettre la sécurité d’un senior à son domicile.
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Comment prévenir les chutes
La prévention personnalisée est plus efficace
Une fois que vous aurez compris les facteurs particuliers qui contribuent au risque de chute de votre proche senior, il sera plus facile de vous concentrer sur les stratégies de prévention des chutes les plus pertinentes pour votre situation. En d’autres termes, vous serez en mesure de personnaliser votre approche de la prévention des chutes.
Il est essentiel de personnaliser la prévention des chutes. Vous ne voulez pas que votre mère commence par passer beaucoup de temps à faire du tai-chi, si son principal risque de chute est que ses médicaments pour la tension artérielle sont trop forts ou que sa vue est mauvaise.
De plus, ne supposez pas que la plupart des médecins identifieront et géreront les facteurs de risque de chute les plus importants. Les médecins sont très occupés et ratent souvent des occasions de réduire les risques de chute. Le médecin n’agit, dans la plupart des cas, que parce que la famille aura été proactive et demandeuse d’aide.
Maintenant que nous avons vu comment comprendre les chutes peut vous aider, parlons des chutes. Tout d’abord, je vais expliquer pourquoi une chute se produit. Ensuite, je vous présenterai comment comprendre pourquoi une personne âgée en particulier peut tomber.
Pourquoi une chute se produit-elle ?
Fondamentalement, peu importe qui vous êtes et quel est votre âge.
Voici le cadre qu’il faut garder en tête :
Nous tombons lorsque nous sommes confrontés à un événement qui met notre équilibre ou notre force à l’épreuve. Si cet événement dépasse notre capacité à rester debout, nous tombons.
Lorsque nous sommes jeunes et en bonne santé, nous avons tendance à avoir une grande capacité à rester debout. Ainsi, si nous trébuchons, nous pouvons souvent nous rattraper et nous “récupérer” avant de tomber. Mais bien sûr, un déséquilibre suffisamment important peut faire chuter même un jeune de vingt ans. Et si cette personne de vingt ans est éméchée, il faudra encore moins d’éléments déclencheurs pour provoquer une chute.
La maladie ou la faiblesse est une autre situation qui réduit la capacité de toute personne à rester debout. C’est pourquoi les personnes de tous âges ont tendance à tomber à l’hôpital. Bien sûr, les personnes âgées ont souvent de nombreux autres problèmes qui affectent leur capacité à rester debout.
4 étapes pour réduire les risques de chute
Les chutes chez les seniors sont presque toujours “multifactorielles”. Cela signifie qu’il y a généralement plusieurs facteurs qui contribuent à une chute ou au risque de chute d’une personne.
Il peut être difficile d’essayer de traiter tous les facteurs. Et certains, comme le ralentissement des réflexes, peuvent être impossibles à inverser.
Néanmoins, il est souvent utile de les passer en revue et d’essayer d’en repérer quelques-uns qui sont soit faciles à corriger, soit susceptibles de réduire considérablement le risque de chute.
Voici ce que beaucoup de gériatres suggèrent :
- créer une liste des facteurs contribuant au risque de chute d’une personne âgée ;
- identifier les facteurs de risque et les déclencheurs liés à des chutes récentes ou récurrentes ;
- identifier les facteurs qui sont les plus faciles à modifier ou à changer. Il s’agit en partie du facteur lui-même et en partie de ce qu’il est possible de changer pour le senior (les escaliers peuvent constituer un risque, mais changer de maison peut être délicat) ;
- mettre en œuvre des stratégies pratiques pour traiter les facteurs de risque de chute modifiables.
Cela demande un peu de travail, mais c’est un passage obligé si nous voulons prévenir efficacement les risques de chute.
3 facteurs de risques de chute à considérer
Je trouve également utile de considérer les facteurs comme appartenant à l’une des trois catégories suivantes :
Les risques liés à la santé
Il s’agit de problèmes d’équilibre, de faiblesse, de maladies chroniques, de problèmes de vision et d’effets secondaires des médicaments. Ils sont spécifiques à une personne.
Les risques environnementaux
Il s’agit d’éléments tels que les risques domestiques (par exemple, des tapis mal fixés), les risques extérieurs (comme des trottoirs couverts de neige ou de glace) ou des chaussures à risque (par exemple, des talons hauts). Cette catégorie peut également inclure l’utilisation incorrecte d’un déambulateur, d’une canne ou d’un autre dispositif d’assistance.
Les déclencheurs de chute
Ce sont les événements soudains ou occasionnels qui causent un problème d’équilibre ou de force. Il peut s’agir de choses anodines comme un chien qui tire sur sa laisse, ou même d’événements liés à la santé comme un moment d’hypoglycémie chez une personne diabétique.
Il vous sera probablement difficile de dresser seul une liste de tous ces facteurs. Les facteurs liés à la santé, en particulier, ont tendance à être étroitement liés à des problèmes médicaux. Il peut donc être difficile de les trier correctement.
J’encourage néanmoins les seniors et leurs familles à prendre le temps de réfléchir aux facteurs de risque de chute, car cela peut les aider à poser les bonnes questions à leur médecin.
Un exemple concret de prévention des chutes
Prenons un exemple, pour illustrer comment vous pouvez mettre en pratique ce que nous venons de voir.
M. Martin est âgé de 80 ans. Il vit chez lui avec sa femme, et se promène tous les jours dans son quartier. Il est diabétique depuis longtemps et souffre d’un engourdissement chronique des pieds. Il prend des médicaments pour le diabète et l’hypertension artérielle.
Sa fille s’inquiète pour lui et aimerait empêcher son père de chuter. Que doit-elle faire ? Les recommandations habituelles pour réduire le risque de chute sont un bon point de départ. Elle pourrait donc encourager son père à rester actif physiquement et elle pourrait examiner de plus près la maison pour éliminer les risques de trébuchement courants.
Elle pourrait également l’aider à se faire évaluer pour des problèmes de vision et une faible force des jambes, car ce sont des facteurs de risque de chute courants chez les personnes de l’âge de M. Martin. En outre, le diabète est connu pour causer ou aggraver les problèmes de vision.
Mais si elle veut personnaliser le plan de prévention des chutes, elle doit également envisager de demander au médecin de l’aider à dresser une liste des facteurs de risque liés à la santé de son père.
Dans le cas de M. Martin, certains facteurs supplémentaires sautent aux yeux.
Un engourdissement chronique des pieds. Il s’agit d’un problème courant chez les personnes qui souffrent de diabète depuis longtemps, et cela peut certainement affecter la facilité avec laquelle les gens restent debout.
Il est bon d’être conscient de ce risque, mais ce problème ne peut généralement pas être guéri ou inversé.
Le diabète : certaines personnes diabétiques sont sujettes à des épisodes d’hypoglycémie, surtout si elles prennent de l’insuline ou d’autres médicaments pour réduire activement leur taux de sucre dans le sang.
Elle pourrait demander à son père s’il lui arrive d’avoir des épisodes d’hypoglycémie, qui risqueraient de déclencher une chute. Si c’est le cas, elle devrait s’assurer que cela est abordé avec le médecin.
Il est souvent approprié de relâcher le contrôle de la glycémie lorsque les personnes vieillissent et deviennent plus fragiles. En effet, avec l’âge, un contrôle strict apporte moins de bénéfices mais plus de risques.
Les médicaments pour la pression artérielle pourraient augmenter le risque de chute, surtout si la tension artérielle de M. Martin est souvent inférieure à 120/80.
Sa fille peut vouloir prendre des mesures pour s’assurer que son père n’est pas trop traité pour son hypertension.
Tout autre prise médicamenteuse doit être examinée. Avec l’âge la sensibilité aux médicaments augmente, ce qui peut altérer l’équilibre ou même la pensée.
Elle devrait aider son père à revoir ses médicaments. Elle devrait s’attacher à repérer les sédatifs (en particulier).
Vous aurez remarqué que dans cet exemple, nous nous sommes particulièrement concentrés sur les médicaments.
Et ce, pour trois raisons essentielles :
- Les médicaments sont parmi les causes les plus courantes d’augmentation du risque de chute chez les seniors.
- Les médicaments sont souvent un facteur de risque réparable, lorsqu’il s’agit de chutes chez les seniors.
- Les risques liés aux médicaments passent souvent inaperçus aux yeux des médecins habituellement très occupés. Les familles peuvent faire une grande différence en étant proactives dans ce domaine.
Dernières réflexions sur mon problème “je trébuche souvent”
Rappelez-vous que les seniors tombent généralement parce que
- de multiples facteurs de risque les rendent vulnérables aux chutes, et
- un faux pas ou un moment de faiblesse déclenche la chute proprement dite.
La plupart des facteurs de risque de chute sont liés à la santé, c’est-à-dire à des problèmes de santé chroniques ou à la prise de médicaments. D’autres facteurs de risque de chute sont liés à l’environnement et concernent le domicile ou l’environnement extérieur.
Vous pouvez certainement réduire le risque de chute en encourageant les exercices physiques, de musculation et d’équilibre, et en optimisant l’environnement domestique.
Mais vous serez plus efficace dans la prévention des chutes si vos médecins vous aident à comprendre les facteurs de risque de chute de votre proche.
Vous serez alors en mesure d’élaborer un plan de prévention des chutes plus personnalisé… Un plan qui cible les risques et les vulnérabilités les plus pertinents pour votre situation.
Et vous ne devriez plus entendre cette petite phrase qui est à l’origine de cet article (“je trébuche souvent”).
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